Pour un sous-titrage accessible sur les réseaux sociaux
Ou pourquoi normaliser les sous-titres sur les réseaux sociaux pour qu'ils soient plus accessibles
Bienvenue pour cette quatrième newsletter mensuelle (déjà !) et merci de me lire en ce mois de juillet. ☀️
Avec les vacances et la saison estivale, naturellement, tout se ralentit. Moins d’événements sont prévus, moins de sorties de contenus vidéos, de podcasts…
C’est le moment propice à la réflexion, à l’apprentissage et à l’introspection.
Et pourquoi pas, c’est peut-être aussi le moment où l’on peut s’autoriser à rêver un peu.
Personnellement, je rêve d’un Internet accessible, sur lequel tout le monde aurait accès aux mêmes informations, aux mêmes divertissements… en somme, aux mêmes contenus.
Je vous propose aujourd’hui de me suivre dans ma réflexion pour une accessibilité des vidéos sur les réseaux sociaux garantie par un sous-titrage accessible… et normalisé.
Sans plus attendre, rêvons d’un monde accessible 🚀
De mon côté de la planète 🪐
Le mardi 2 juillet, j’ai eu la chance de vivre une expérience très forte en émotions : j’ai sous-titré en direct le superbe spectacle “Humains” de Caroline Monnier.
Sur scène, au plus proche de l’acteur Louis Fleury et de l’actrice Caroline Monnier, j’ai pris de plein fouet toutes les émotions de cette pièce qui raconte le parcours de Julie, atteinte d’une sclérose en plaque.
Sous-titrer en langage clair cette merveilleuse pièce est l’une de mes fiertés de ce mois de juillet.
Merci à Petite Mu et à Cléone Spectacle pour leur confiance !

Autre fierté, cette fois-ci pour mes élèves : mes trois élèves de cette session de ma formation complète au sous-titrage finissent leur formation à la fin du mois. Je suis très fière de leurs progrès et de leur attention. Elles n’ont rien lâché, même en découvrant la complexité du sous-titrage professionnel et accessible. Bravo à elles !
Ce mois-ci est l’occasion pour moi et pour mes clients de préparer la rentrée sereinement. Je ne vous en dis pas plus pour l’instant, mais de belles choses se préparent pour sensibiliser les entreprises et pour améliorer l’accessibilité de plusieurs gros événements.
Les normes en sous-titrage
Pour qu’un contenu vidéo avec des sous-titres soit diffusé au cinéma ou à la télévision, il faut que ces sous-titres correspondent à des normes très précises.
Il existe différents types de sous-titrage selon le public auquel il est destiné. Traditionnellement, on distingue deux grandes familles de sous-titres :
les sous-titres à destination des personnes entendantes qui ne comprennent pas la langue originale du programme sous-titré
les sous-titres à destination des personnes sourdes et malentendantes
Si le sujet des types de sous-titrage vous intéresse, je vous invite à lire ce post sur LinkedIn :
Selon le type de sous-titrage que l’on doit effectuer, on doit suivre des normes particulières qui diffèrent d’un type de sous-titrage à un autre. Par exemple, on peut suivre :
les normes SME françaises, qui suivent la Charte relative à la qualité du sous-titrage à destination des personnes sourdes ou malentendantes (réalisée en 2005)
les normes VOST, pensées pour un bon affichage des sous-titres traduits au cinéma et à la télévision
Dans ces normes, nous sont indiquées des consignes très précises liées au nombre de caractères par seconde, par ligne, entre les sous-titres à respecter, aux couleurs à utiliser etc.
Mais pourquoi toutes ces règles ?
C’est sans doute l’aspect le moins “sexy” du sous-titrage de prime abord, à en croire mes élèves. Pourtant, elles sont essentielles, car l’un des grands principes du sous-titrage, c’est que l’on ne sous-titre pas pour soi.
Un sous-titre qui sera lisible pour vous ne le sera pas pour une autre personne.
Ces règles nous permettent de savoir très exactement comment sous-titrer pour s’adapter au public qui lira nos sous-titres.
Toute personne qui sous-titre pour des plateformes de streaming, le cinéma ou la télévision doit respecter ces règles.
Pour des normes de sous-titrage sur les réseaux sociaux
Si demain, vous voulez sous-titrer pour Netflix, vous aurez des règles à suivre.
Par contre, si vous voulez sous-titrer votre vidéo YouTube, rien ne vous sera demandé : vous êtes libre de sous-titrer comme bon vous semble, personne de chez YouTube ne viendra vous taper sur les doigts si vos sous-titres ne sont pas accessibles.
Idem sur Instagram ou LinkedIn, ce qui fait que l’on se retrouve avec beaucoup de sous-titres complètement inaccessibles pour les personnes sourdes et malentendantes, ayant des troubles de l’attention, dys ou autre.
C’est pour ça qu’établir des normes à suivre pour un sous-titrage vraiment accessible et qui prend en compte les besoins des personnes concernées me semble essentiel. 💜
Avoir des normes à suivre permettrait également de :
ne pas se sentir perdu face à toutes les possibilités de sous-titrage qui existent
s’assurer que son sous-titrage ne sera pas contre-productif et ne fera pas fuir son audience
sensibiliser sur le besoin d’un sous-titrage vraiment accessible pour n’exclure personne de sa communication vidéo
prendre réellement en compte les besoins des personnes plutôt que des modes
Mais que contiendraient ces normes exactement ?
Les normes d’un sous-titrage accessible sur les réseaux sociaux devraient selon moi s’articuler autour de trois axes :
Un sous-titrage pensé avant tout pour les personnes sourdes et malentendantes
Aujourd’hui, sur les réseaux sociaux, le sous-titrage est pensé comme un élément esthétique et de montage destiné à capter l’attention. Or, le sous-titrage reste avant tout un outil d’accessibilité pour les personnes sourdes et malentendantes : si l’on veut un sous-titrage réellement accessible, c’est à elles que l’on doit penser en premier.
Bien sûr, le sous-titrage accessible permet aussi aux personnes ayant des troubles de l’attention, des troubles de l’audition passagers ainsi que des troubles dys de suivre plus confortablement une vidéo.
C’est aussi à ces personnes que l’on veut penser en sous-titrant, d’autant que de nombreuses personnes ont ou développent plusieurs handicaps au cours de leur vie.
Des règles inspirées du sous-titrage SDH et SME
Ce sont des types de sous-titrage pensés pour les personnes sourdes et malentendantes que l’on voit sur les plateformes de streaming, à la télévision et au cinéma.
Ils ont fait leurs preuves, mais on devra aussi les adapter au format des vidéos réseaux sociaux et aux évolutions des besoins des personnes concernées.
Lorsque je sous-titre pour les réseaux sociaux, j’applique autant que possible ces règles en termes de caractères par secondes, par ligne, d’écarts entre les sous-titres, bref, de lisibilité de manière générale.
J’ai donc appliqué les règles du sous-titrage SDH ou SME tout en les adaptant un peu au format particulier des réseaux sociaux.
Un affichage accessible
Pour justement penser à être accessible au plus de personnes possible, il est important de non seulement suivre des normes sur la “construction” des sous-titres via un logiciel de sous-titrage, mais également en termes d’affichage pour s’assurer que nos sous-titres soient bien lus.
À ce sujet, je vous conseille l’excellent article d’Emmanuelle Aboaf, personne concernée par la surdité.
Mais pour résumer, voici les grandes règles que l’on pourrait suivre pour un affichage des sous-titres sur les réseaux sociaux accessible :
Choisir toujours une police accessible (sans sérif) et non “farfelue” et de taille correcte
Ne pas suivre les “modes”, par exemple les sous-titres clignotants, remplis d’émojis, en mode karaoké etc.
Rester neutre dans les couleurs et respecter les règles de contraste
S’adapter au format et tester avec un logiciel de montage avant publication, même si on utilise un logiciel de sous-titrage pour incruster les sous-titres
Conclusion
Alors à quoi ressembleraient ses règles exactement ? En m’appuyant sur les retours de personnes concernées et en m’inspirant quand c’est possible des normes SME et SDH, j’ai établi des normes précises que j’applique pour mes clients et que je transmets à mes élèves.
Puisque cette newsletter n’a pas vocation à être trop technique, je ne vais pas les indiquer ici, mais je serais ravie d’en discuter avec vous si le sujet vous intéresse.
Bien sûr, ces normes ont vocation à évoluer selon les besoins des personnes concernées et également l’évolution des réseaux sociaux quant à leur politique d’accessibilité.
En attendant de vous lire, merci grandement de m’avoir lue jusqu’au bout sur ce sujet passionnant sur le sous-titrage des réseaux sociaux. J’espère que cette newsletter n’a pas été trop technique et vous a convaincu des bienfaits d’un sous-titrage accessible et normé pour les vidéos sur les réseaux sociaux !
Si vous êtes vous-même concerné par un ou plusieurs handicaps et avez besoin des sous-titres pour votre compréhension des vidéos, n’hésitez pas à m’écrire sur LinkedIn : je suis toujours très preneuse de vos avis pour améliorer sans cesse mes techniques d’accessibilité.
On se retrouve dans un mois pour la prochaine newsletter, et d’ici là, vous pouvez consulter mes articles et mes posts sur LinkedIn. Je publie régulièrement sur l’accessibilité et vous me verrez parler (avec parfois un peu trop d’enthousiasme) de sous-titrage ! 💜
PS : je prendrais deux semaines de repos du 5 au 17 août mais j’aurai plaisir à vous lire à mon retour !